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4.1.4
Pluton - Charon
Le couple Pluton Charon est un système de planète double, à l'instar de la
Terre et de la Lune. Ce type de système procure aux corps qui le composent une
plus grande stabilité d'orbite, moins chaotique, propice au maintien de
conditions stables et donc au développement de la vie. Ainsi, sans la Lune,
nous ne serions sans doute pas en train de nous poser ces questions. Cependant,
Pluton est très éloigné du Soleil. Celui-ci n'apparaît que comme une grosse
étoile et le froid qui y règne est intense (de l'ordre de 100°K, soit
-170°C). De plus, la densité de cette planète laisse supposer une composition
en partie égale de roches et de glace. Enfin, la quasi absence
d'atmosphère interdit à tout élément de s'y trouver à l'état
liquide.
Dans ces conditions, il est très improbable, voire impossible à toute forme de
vie telle que nous la connaissons de s'y développer, tant bien même des
éléments prébiotiques y auraient été amenés par des comètes (Pluton et
Charon, de part leurs orbites très excentriques et leur composition évoquent
des objets issus de la ceinture de Kuiper).
Une mission, Pluto express, est à l'étude afin d'affiner nos connaissances sur
cette partie inexplorée du système solaire.
4.2 Les planètes gazeuses
4.2.1
Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune
Ces planètes ont en commun une atmosphère gazeuse, voire semi solide pour
Neptune, composée en majorité d'hélium et d'hydrogène. A mesure que l'on
s'enfonce dans cette atmosphère, la pression augmente jusqu'à liquéfier puis
solidifier ces gaz. Le noyau est sans doute composé de roches et d'hydrogène
métallique (sous de fortes pressions, l'hydrogène se solidifie et acquiert des
propriétés métalliques).
L'enveloppe gazeuse de ces planètes date de la formation du système solaire.
Trop éloignées du Soleil pour que celui-ci les échauffe suffisamment, ces
corps ont conservé ces gaz issus du disque protoplanétaire original.
Bien que la température qui y règne soit très basse, il est probable qu'une
chimie prébiotique puisse se développer dans l'atmosphère de ces planètes.
En effet, on a pu y détecter des hydrocarbures assez complexes issus du
méthane. Ces composés donnent cette couleur rouge orangée à l'atmosphère de
Jupiter. Il est cependant très improbable qu'une vie ait pu s'y développer.
Par contre, les satellites de ces planètes qui sont décrits dans le paragraphe
suivant procurent pour certains de grandes espoirs aux scientifiques en quête
de vie extraterrestre.
4.3 Les satellites des planètes
gazeuses
4.3.1
Conditions intrinsèques
4.3.1.1 Distance - température
Les enveloppes externes des corps du système solaire sont directement en
contact avec le milieu interplanétaire, lui même constitué de quatre
composantes:
- Les poussières
- Le rayonnement cosmique, formé de noyaux atomiques de très forte énergie
(>100Mev) provenant d’autres étoiles de la galaxie, ou du soleil lors des
éruptions solaires.
- Le gaz neutre interstellaire.
- Le vent solaire, qui est un plasma composé principalement d’ions H+
et He++. Il a pour particularité d’ioniser l’atmosphère des
planètes et des satellites qui en possèdent, entourant ces corps d’une
ionosphère planétaire.
Le soleil en outre rayonne dans toutes les longueurs d’ondes, du X aux
infrarouges. Cette luminosité produit une énergie radiative qui échauffe les
corps du système solaire. Elle est inversement proportionnelle au carré de la
distance qui sépare l’astre du soleil. Au delà de l’orbite de mars, cette
chaleur est insuffisante pour maintenir directement des températures positives,
et grève par là même les processus de développement biologiques.
Ne considérant que ce rayonnement, on pourrait donc dire que le développement
de toute vie est très improbable au delà de la ceinture des astéroïdes, donc
sur les satellites des planètes extérieures, la température théorique y
régnant étant trop basse.
4.3.1.2 Gravité - atmosphère
Comme il a été décrit précédemment, la vie doit pouvoir bénéficier pour se développer d'un milieu liquide, de préférence composé d'eau. Or, cet élément doit, pour pouvoir subsister à l'état liquide, se trouver sous une certaine pression qui dépend de la température. D'une façon générale, l'état liquide ne peut se maintenir dans le vide. En fonction de la température ambiante, un liquide sous faible pression soit se vaporisera, soit gèlera instantanément. D'autre part, les gaz composant une quelconque atmosphère étant constitués au niveau microscopique de molécules animées d'une vitesse moyenne inversement proportionnelle à leur masse atomique, ils ont besoin, pour se maintenir à proximité du sol, d'une certaine gravité générant une vitesse de libération supérieure à leur propre vitesse moyenne. Sans cette gravité, les gaz s'échappent dans l'espace: d'abord les plus légers (H2, He) puis les plus lourds (CH4, N2). La gravité étant proportionnelle à la masse du satellite, on peut dire qu'en deçà d'un certain volume et indépendamment de la température ambiante, il est impossible à un astre de retenir une atmosphère, donc un élément liquide, et dès lors de permettre à la vie de s'y développer.
4.3.2
Conditions locales
4.3.2.1 Énergie gravitationnelle - L’effet
de marées
Ces éléments étant posés, on constate à priori qu'aucun des satellites des planètes extérieures ne peut abriter les conditions favorables au développement de la vie. Or, un autre élément très important est à prendre en compte lorsque l'on parle de satellites, et non de planètes; il s'agit de l'effet de marée provoqué par la proximité de ces énormes et massives planètes gazeuses, dont le champ gravitationnel déforme et tiraille les corps en orbite autour d'elles. Ces déformations génèrent d'important mouvements de la croûte des satellites, et cette énergie colossale est dissipée principalement en chaleur. Dès lors, leur température est bien supérieure à ce qu'elle serait si seulement l'énergie du soleil les réchauffait. Ainsi Io, proche de Jupiter, possède un volcanisme actif de soufre dont certaines coulées ont été mesurées à plus de mille degrés. De même, il pourrait exister sous les croûtes gelées d'Europe et de Ganymède, voire de Callisto, des océans d'eau liquide, propices à une activité biologique. Sans l'énergie gravitationnelle de Jupiter, ces masses d'eau serait à jamais restées solides.
4.3.2.2 Énergie radioactive
Une autre source d'énergie interne aux satellites et planètes provient de la
chaleur dégagée par la décomposition radioactive de certains isotopes
instables. Importante aux débuts de l'histoire du système solaire, cette
source se tarit peu à peu par la raréfaction des éléments radioactifs
naturels, ceux ci peu à peu devenant des éléments stables. Les principaux
éléments entrant en jeu dans ce processus sont le thorium (n° atomique 90),
et l'uranium (92).
Il
est à noter que cette énergie est la seule qui, de près où de loin, ne
provienne pas du soleil.
4.3.3
Hypothèses et possibilités
4.3.3.1 Europe
L’observation systématique de Europe par la sonde Gallileo actuellement en
orbite autour de Jupiter a permis de confirmer la présence, sous une croûte de
glace superficielle, d’un océan d’eau. Cette présence était suspectée de
longue date depuis que les observations des sondes voyager à la fin des années
1970 avaient montré une surface comparable aux images des banquises terrestres
au dégel. Le fort albédo et la quasi absence de cratère en confirmèrent la
jeunesse. S’appuyant sur cette hypothèse, les parties sombres suivant les
craquelures de la glace ont été interprétées comme des résurgences du
milieu liquide sous jacent, coloré par des sels en dissolution. Cette glace
superficielle est formée d’eau, comme le confirme la présence d’une
atmosphère très ténue d’oxygène, issue de la décomposition de H2O sous l’action
du rayonnement solaire.
L’énergie nécessaire au maintien d’eau liquide provient de l’énorme
force gravitationnelle induite par Jupiter. Sans cet apport et à cette distance
du soleil, l’océan serait figé depuis très longtemps. Cet océan, dont la
profondeur est estimée à environ 50 km, serait très propice au développement
de la vie. Isolé de la lumière solaire, il ne pourrait s’agir que d’organismes
comparables aux archaebactéries, n’ayant pas besoin de la lumière pour
croître. Cette hypothèse a justifié la mise en route de la mission Europa
Orbiter qui atteindra le satellite en 2007.
4.3.3.2 Titan
Titan, satellite de Saturne, est le second en taille de tout le système
solaire, après Ganymède. De plus, il est le seul à posséder une réelle
atmosphère, puisque la pression au niveau du sol atteint 1,5 fois la pression
terrestre. Il s’agit d’une atmosphère réductrice, principalement composée
de CH4, C2H6, CH3D (D étant le deutérium,
isotope de l’hydrogène dont le noyau comprend un proton et un neutron), C2H2
et N2, majoritaire. Egalement observés en moindres proportions, H2, HCN, C3H8,
C2H4, C3H4, C4H2, HC3N, C2N2, CO2 et CO. A partir de la masse moléculaire
moyenne de cette atmosphère (28,6), on a suspecté la présence d’un gaz
lourd qui, au regard de la pression de vapeur saturante et des conditions
régnant à la surface du satellite, ne peut être que de l’argon. Le rapport
A/N2 serait de 0,15 environ.
Aux très basses températures de Titan, certaines molécules se condensent sous
forme de clathrates (au dessous de 100K, soit - 173°C). Il s’agit de
molécules de forme générale (x,nH2O) dans lesquelles une molécule x est
piégée par des molécules d’eau reliées entre elles en un réseau
cristallin. Dans le cas de Titan, x est principalement représenté par du
méthane CH4 et de l’azote N2.
La faible densité de Titan (1,9) traduisant une prédominance de glaces et la
présence de nombreuses molécules dans l’atmosphère laisse à penser que
celle-ci est secondaire, c’est à dire issue du globe lui même et des
clathrates qui en composent la surface. Il est probable que le méthane est
réparti en lacs s’évaporant partiellement. Le méthane gaz est alors d’une
part dissocié et génère les autres composés carbonés sous l’action de la
lumière (photochimie) alors que le restant retombe en pluie dans les lacs dont
il est issu. Seuls l’éthane et le propane restent liquides, mélangés à ces
lacs en faibles proportions. L’azote, bien que restant gazeux, subit des
transformations similaires et participe par ses produits de dissociation à la
formations de molécules prébiotiques relativement complexes, telles que l’acide
cyanhydrique HCN dont la polymérisation aboutit à l’adénine, une des quatre
bases de l’ADN.
Bien que très froide et sombre, la surface de Titan pourrait abriter des
rudiments d’activité biologique, l’atmosphère riche en composés
prébiotiques et protectrice de l’environnement interplanétaire hostile
jouant un rôle capital dans cette hypothèse. La mission Cassini-Hyugens
dévolue à cette étude apportera sans doute en 2004 les réponses aux
nombreuses questions soulevées par ce satellite.
4.3.3.3 Ganymède, Callisto.
Ces deux satellites à priori ne présentent que peu de possibilités de
développement de la vie. Ils sont en effet dépourvus d'atmosphère, et la
température qui y règne est très basse. Il semble néanmoins, au vu des
informations que nous transmet Gallileo, que, à l'instar d'Europe, se soit sous
leur surface que les conditions favorables soient à rechercher. Leur densité
traduisant une forte proportion de glace, il est possible, surtout pour
Ganymède qui plus près de Jupiter en reçoit plus d'énergie gravitationnelle,
que sous une croûte glacée se trouve un océan d'eau liquide. Ces données
sont à confirmer par la sonde mais, si elles se confirment, elles font de ces
corps deux nouveaux postulants à une activité biologique.
4.3.3.5 Triton
Triton est, de par sa taille, le dernier et plus lointain candidat à un développement de la vie. Il est cependant peu probable qu'elle puisse y demeurer en surface, dans la forme que nous en connaissons. Triton est en effet le satellite le plus froid du système solaire. Ceci est du d'une part à son grand éloignement du soleil qui vu de si loin n'est qu'une grosse étoile, et d'autre part à son albedo élevé qui réfléchit le peu d'énergie que notre étoile lui fait parvenir. Néanmoins, Triton n'est pas un astre mort. Une activité cryovolcanique, c'est à dire un volcanisme froid, y a été détectée, probablement de méthane. Ceci traduit une activité intérieure à l'origine de ce cryovolcanisme dont l'origine est probablement l'attraction de Neptune. Dès lors, la vie étant, comme on l'a vu, capable de s'adapter à des milieux très hostiles, l'éventualité d'une activité biologique sur Triton n'est pas totalement à exclure. Malheureusement, aucune mission dévolue à l'étude du satellite n'est prévue pour le moment, et cette question restera donc longtemps en suspens.